Est-il encore nécessaire de présenter le carnaval de Dunkerque ?
Si vous ne connaissez pas notre splendide carnaval, lisez attentivement
cette introduction tirée du livre " Regards sur le carnaval Dunkerquois "
et écrite par René Cambier et Oscar J.Marianez.
Elle vous donnera qu'une envie, celle d'y participer ...
Dunkerque, ce n'est pas Rio de Janeiro ou Venise, et son carnaval est moins connu, moins " médiatique " que celui de ces villes de rêve vers lesquelles s'envolent chaque année des charters de spectateurs. la ville souffre, comme l'ensemble de la région du Nord à laquelle elle appartient, d'un probléme d'image de marque. L'image d'un Nord industrieux, gris, morne et triste est trop souvent répandue. Dans l'esprit de beaucoup de Français, le Nord, où ils n'ont jamais mis les pieds, ce sont les "corons " et Germinal. Pourtant, lorsqu'on prend la réalité est toute autre, et l'on découvre un pays ouvert, accueillant, et une population chaleureuse, hospitaliére et fière de ses traditions.

Dunkerque est la capital du " Westhoek " ( Flande Maritime ). C'est avant tout un port, et au pays de Jean Bart et de Gaspart Malo, la tradition du carnaval a conservé ses origines maritimes et s'est perputuée depuis le 17ème siécle, avec la célébre " Visscherbende " ( bande des pêcheurs ), qui avait lieu avant le départ des marins pour les longues campagnes de pêche en Islande. Elle est, aujourd'hui encore, fortement ancrée dans la vie et dans les coeur des habitants de l'agglomération Dunkerquoise. Ceux ci attendent chaque année ces quelques jours d'ivresse collective et de liberté absolue qui voient les rues de Dunkerque, de Rosendael ou de Malo, de la Citadelle, de Petite-Synthe, de Mardyck et des communes environnante se peupler d'une foule se déplacent en " bandes ", dansent et chantent dans un joyeux désordre derriére les fifres et les tambours et font " rigondon " le soir venu.

Le carnaval de Dunkerque est avant tout un carnaval populaire, qui traduit le génie particulier qu'ont les gens du Nord pour la fête. Ce n'est pas une fête artificielle, mais une fête profondément enracinée dans l'histoire de ce pays flamand, où les déguisements et les masques permettent le mélange de toutes les classes sociles et une communication dans la fête. Le temps du carnaval est marqué par l'abolition de tous les interdits, la transgression de tous les tabous, de toutes les règles qui régissent la vie normale d'une société organisée. On y voit des hommes se déguiser en femmes, maquillés à outrance, portant perruques blondes ou brunes, voire bleues,rouges ou vertes, et exhibant des sous vêtements féminins par dessus leurs vêtements , et des femmes se ventir de costumes d'hommes et porter de fausses barbes ou de masques d'horreurs pour pratiquer " l'intrigue " sans être reconnues. C'est une fête démesurée, grandiose, au cours de laquelle tout semble permis, et cette libération aide à oublier la routine et les difficultés de la vie qotidienne. Le Carnaval correspond à une nécessité absolue pour le Dunkerquois, qui l'attend toujours avec impatience, à tel point que même lorsqu'il a quité sa ville, il y revient régulièrement, chaque année au début du carême, pour " faire Caranaval " et participer lui aussi à cette explosion vitale.

La tradition du Carnaval est si forte à Dunkerque que rien ne semble pouvoir l'arrêter. Interrompu lors des 2 guerres mondiales, il redemarra, aprés la seconde, dès 1946, et la bande des pêcheurs se déroulera au milieu de la ville en ruines, dans une ambiance émouvante, dont les plus anciens se souviennent encore. En 1991, lors de la guerre du Golfe, la municipalité, dans le climat, d'insécurité qui régnait alors, fut dans l'obligation d'annuler l'ensemble des manifestations carnavalesques. Les dunkerquois ne l'entendirent pas de cette oreille, et une bande spontanée, qui prit le nom de " bande annulée " eut lieu malgré l'interdiction. Ce fut, au dire de certains Carnavaleux, la bande " la plus extraordinaire du siécle ", et l'on prit soin, en 1992 de célébrer la premier anniverssaire de la "bande annulée " !

Les festivités du carnaval Dunkerquois s'étalent sur une période de 8 à 10 semaines, depuis les bals des " Kakernèches " et des " Corsaires " à la fin du mois de Janvier, jusqu'a la bande de " Swatelaeres ", association carnavalesque et philantropique de Lille, organisaient un bal de carnaval dans cette ville qui clôturait les festivités de l'année. Le moment fort du carnaval se situe autour de la période du Mardi Gras, avec ce que l'on avait coutume d'appeler " les 3 Joyeuses ". C'est là que ce situe les " bandes " de" Dunkerque ( Dimanche précédant la Mardi Gras ), de le Citadelle ( Lundi Gras ), de Rosendael ( Mardi Gras ) et de Malo ( Dimanche suivant la Mardi Gras ) et les bals les plus fréquentés ( Nuit de l'oncle Cô, bal du Chat Noir, Acharnés, Gigolo Gigolette et Nui-t de la Violette ).

Comme toutes les villes du Nord, Dunkerque possède son Géant, " le Reuze ", dont l'origine remonte au Moyen Age, et dont l'apparition est située par les historiens aux alentours de 1550. Autre fois, il fut étroitement assosicé aux festivités du Carnaval. Mais aujourd'hui, à l'inverse de " Gayant " qui défile dans les rues de Douai à l'occasion des fêtes qui lui sont consacrées au début du mois de Juillet, le Reuze se cantonne dans un rôle de spectateur passif. Il est exposé place Jean Bart à Dunkerque, devant la mairie de Rosendael ou devant les grilles du Parc Malo, et se contente de regarder passer la bande et d'attendre, entouré de sa famille, le retour des carnavaleux pour le rigodon final.

Même s'il attire un nombre considérable de spectateurs, venus de toute la région, le Carnaval de Dunkerque n'est pas un spectacle " toutistique ", comme le sont malheuresement devenus beaucoup d'autres carnavals. Ici pas de barrières, pas de tribunes, pas de défilés de chars. Seul l'itinéraire de la bande est programmé par les services de la mairie, pour permettre le dégagement de la chaussée. La ville entiére est envahie d'une foule joyeuse qui accompagne la bande et reprend en choeur les chansons traditionnelles du Carnaval : " Talire Taloure ", " Roule ta Bosse ", " Rosalie "... dont les airs sont profondément ancrés dans le coeur des Dunkerquois. Ces chansons au rythme lent ou entraînant, selon les circonstances, au paroles parfois grivoises ou même grossières, constituent l'un des aspects les plus originaux du Carnaval Dunkerquois. Elles ont été recueillies il y a quelques années, par un carnavaleux passionné, Jean Denise, dans deux ouvrages que tout dunkerquois possède dans sa bibliothèque : "Les Enfants de Jean Bart" (1977) et " Carnaval dunkerquois " (1984).

Un autre élément caractéristique du Carnaval dunkerquois, ce sont les parapluies, les "berguenaeres", multicolores, brandis par les masques au bout de longs manches. Leur présence dans la bande est attestée depuis le milieu du 19ème siècle, sans que personne ne puisse, aujourd'hui, en expliquer l'origine. A la vision de l'agitation désordonnée des couleurs de cette forêt de parapluies s'élevant au -dessus de la masse compacte des masques en tête de la bande, on ressent comme un vent de folie qui va s'emparer de la rue.

 

Bien avant le début de la bande, dans la ville encore calme et déserte, les masques commencent à prendre la posséssion de la rue, par petits groupes. C'est , à l'heure de l'apérétif, la préparation de la fête," l' Avant bande ", au cours de laquelle se préparent, dans une ambiance déja joyeuse, les plans pour l'aprés midi. Les " Kakestecks " entraînent dans leur sillage un petit cortége de carnavaleux impatients de commencer la fête, qui semblent chercher à s'échauffer et à se mettre en forme pour les festivités à venir.

A l'heure dite, les masques se rassemblent au lieu convenu ( place de la gare à Dunkerque, place Schipman à Malo ), derriére les musiciens vêtus du ciré et du suroît des pêcheurs, pour faire la bande sous le conduite du tambour-major en costume de soldat de l'empire, accompagné de Jean Bart et de sa Cantinière. Les rangs se forment, les parapluis s'ouvrent, la musique entonne " Roule ta bosse " et la bande, en un joyeux cortége coloré, se met en route pour un périple de plus de 4 heures à travers la ville, ponctuant son avancement de " Chahuts " ou " tiens bon d'sus ". On joue des coudes pour se placer ou se maintenir au 1er rang de la bande, dont les places sont les plus convoitées. C'est là que se retrouvent toutes les figures du carnaval, les carnavaleux les plus chevronnés, de fameux guillards capables de résister à la pression et de contenir les masques lors des chahuts. Au plus fort de l'apèés midi, la bande peut compter jusqu'a 20 000 masques !! En marge de la bande les figuemans isolés ou par groupe de 2 ou 3, pratiquent l'intrigue. Profitant de l'anonymat que leur procure leur déguisement , et contrefaisant leur voix, ils s'en prennent à des connaissances, cherchant, sans méchanceté, à faire rire à leurs dépens.

 

Après une pause " Rue de la soif ", la bande reprend son chemin, lorsqu'elle passe devant l'hotel de ville, le Maire entouré de son conseil municipal, jette des harengs enveloppés dans un film plastique à la foule massée sous les balcons, ce qui provoque une invraissemblanble bousculade. Les masques quittent souvent la bande pour aller se désalérer et reprendre des forces dans les cafés, ou pour visiter une "Chapelle " ( Maisons amies ou le carnavaleux fait une halte pour se faire offrir à boir ou à manger ). Chaque carnavaleux a ses propres addresses, et certains ont tellement de chapelles à visiter qu'ils ne retrouvent la bande qu'en fin de journé pour le rigodon final.

Le " Rigodon " final est un moment unique, la tension accumulée au cours de la journée va pouvoir exploser dans un affrontement total. La foule des masques se rassemble et tourne, comme un manège humain, autour de la musique, placée sur un podium, qui enchaîne pendant près d'une heure tous les airs du Carnaval. Celui de Dunkerque, place Jean Bart, et celui de Malo, autour du Kiosque à musique de la place Turenne, sont très réputés, et pour rien au monde, les carnavaleux ne les manqueraient. L'arrivée de la bande des Pêcheurs dans l'enceinte où va se dérouler le rigodon est un moment particuliérement " Chaud ", où les masques, écrasés les uns contre les autres, semblent ne plus toucher terre, et se sentent transporter par une puissance supérieure vers le lieu où ils vont pouvoir éclater leur énergie. Les parapluis s'entrechoquent, les masques dans une mêlée désordonnée viennent s'agglutinner sur la 1ère ligne, arc-boutée pour résister à la pression au cours de chahuts puissants, qui mettent à rude épreuve les muscles des participants. Le rigodon, c'est une communion intense de tout un peuple dans la fête, et la chaleur qui se dégage de ses corps entremêlés est telle, qu'il n'est pas rare, lorsqu'il fait froid, de voir s'élever au dessus de la masse compacte des masques, un nuage de vapeur qui donne à l'évenement un aspect irrél. Il s'achéve dans un moment d'émotion extraordinaire et grandiose, lorsque retentit la " Cantate à Jean Bart " et que tous les masques tombent à genoux et lèvent leurs bras au ciel, pour invoquer leur héros !

Apès le girodon, les plus mordus des carnavaleux se regroupent pour suivre " l' après bande ", et faire la tournée des cafés encore ouverts derrèére les " Kakestecks ", fanfare improvisée qui prend la relais de la musique municipale, pour attendre le début du bal. Il y a quelques années encore, le " Grand Morien " place Jean Bart, restait ouvert, et se sont des centaines de masques qui venaeint se désalterer, danser et chanter dans une ambiance indéscriptible, juchés sur les chaises et sur les tables " l" après bande ", c'est l'heure de toutes les folies. Quelqu'un lance une idée, et tout le monde suit. Lors de l'après bande de Malo en 1986, on a ainsi pu voir une centaine de masques pénetrer dans le cinéma Chanteclerc, place Turenne, interrompre la projection du film et se livrer à toutes sortes de facéties dans une ambiance bon enfant, pour la plus grande joie des rares spectateurs présents.

Les nombreux bals costumés qui jalonnent les festivités du carnaval sont organisés par un cetain nombre de " societés philantropiques carnavalesques " dans le but de venir en aide au nécessiteux. Ces sociétés ( les acharnés, les p'tits Louis, les Corsaires ... ), qui maintiennent vivante la tradition du carnaval, comptent chacune une cinquantaine de membres. Elles constituent une sorte d' " Aristocratie " du carnaval, et on retrouve souvent leurs membres en tête de la bande lorque celle ci a lieu sur leur territoire. Tous les carnavaleux qui n'appartiennent pas à ces sociétés revendiquent leurs indépendances et se sont eux mêmes regroupés en une sorte de confrerie informelle, les " z'indépendants ". Doués d'une imagination débordante, il anime la fête et comptent parmi eux quelq'unes des " figures " du carnaval.

Au cours de ces bals, qui depuis 1983 se déroulent pratiquement tous dans l'immense nouvelle salle du kursaal de Malo, l'orchestre alterne les airs à la mode dans tous les bals populaires, et les airs traditionnels du carnaval, qui permettent aux masques de décharger leur trop plein d'énergie dans des chahuts d'une telle violence, que les non initiés préférent rester à l'écart. Le plus ancien et l'un des plus célébres bals du carnaval Dunkerquois est le bal du Sporting dont l' ambiance attire une foule de plus en plus nombreuse. Le moment le plus fort de chacun de ces bals est le chahut de minuit, au cours duquel, aprés l'irruption de la bande des pêcheurs dans la salle, la mêlée atteint son paroxysme. Les masques reprennent pour le éniéme fois les chansons du Carnaval et se livrent à quelques tiens bon d'sus d'autant plus périlleux que le sol est souvent rendu glissant per la transpiration accumulée. A la fin du bal, vers 5 ou 6 heures du matin, les derniers survivants, ivres de fatigue, le maquillage défait, vont se retaurer d'une bonne soupe à l'oignon avant d'envisdager la suite des événements.

L'une des figures les plus marquantes et les plus attrayantes du carnaval de ces dernières années, fut Jean Minne, sapeur - pompier de son état, qui sous le nom de Co Pinard 2, a été le tambour major de la bande de Dunkerque de 1960 à sa mort, en 1988. Il n'avait pas son pareil pour conduire la bande ou pour mener le rigodon ou le chahut de minuit. La population Dunkerquoise assista en masse à ses obséques, place Jean Bart, et entonna, la gorge nouée par l'émotion, les airs du Carnaval et la Cantate à Jean Bart, pour lui rendre un ultime hommage. La municipalité a donné son nom à une rue du quartier de la citadelle, qui fut inaugurée pendant le carnaval de 1992, en présence de tous les tambours majors de l'agglomération Dunkerquoise.

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